Inauguré en février dernier, le Centre de cybersécurité d’IDELUX installé sur le parc Galaxia à Transinne combine sur un seul site un cyber range avec simulateur de crise et un laboratoire de cryptographie quantique. Avec le Centre de Cybersécurité de l’Agence spatiale européenne (ESA) à Redu, ces deux infrastructures contribuent à former ensemble une cyber valley à l’ambition européenne, comme nous l’explique Pierre-Yves Defosse, Business Development Officer chez IDELUX.

Comment est née cette initiative de créer un pôle d’excellence « au milieu de nulle part » ?

L’histoire commence dans les années 70 avec l’installation de l’ESA, l’Agence spatiale européenne, à Redu. À l’époque, il n’y avait rien, comme vous l’évoquez, mais l’endroit justement avait l’avantage d’être vierge, loin de tout. L’ESA a d’abord mené ses missions principales, liées à la radio communication et à l’observation de la Terre. En 2019, la station de Redu devient l’ESEC (European Space Security and Education Centre) doté de 2 spécialisations : la cybersécurité et l’éducation. L’écosystème s’est alors fortement développé, avec notamment aujourd’hui la présence de Telespazio Belgium, de Starion et de Nexova. C’est sur la base d’une relation établie à long terme avec l’ESA que le gouvernement wallon, dans le cadre du plan de relance de la Wallonie, la Fiche 140, a décidé de confier à IDELUX la constitution du pôle d’excellence wallon de cybersécurité. Près de 10 millions EUR ont alors été investis pour constituer le centre de cybersécurité de Transinne autour du cyber range, du laboratoire quantique et de la cyber école.

Le pôle comprend 2 structures de pointe. La première est le cyber range

Le cyber range avec simulateur de crise permet de se former via la simulation de cyberrisques à partir de scénarios réalistes d’attaques et de ripostes. Ainsi, les utilisateurs, qui sont en majorité des informaticiens travaillant dans des entreprises ou organisations, peuvent tester en toute transparence la résilience de leurs systèmes et anticiper les cybermenaces. Ils peuvent également élever leur niveau de formation et s’entraîner avec nos formateurs aguerris en cybersécurité.

… la deuxième est le laboratoire de cryptographie quantique…

Nommé laboratoire Gilles Brassard – professeur d’Informatique à l’Université de Montréal, co-auteur avec Charles Bennett du protocole de cryptographie quantique de référence BB84 (Bennett & Brassard- 1984) et détenteur de nombreuses récompenses –, il offre un espace entièrement dédié aux chercheurs, ingénieurs et experts pour développer des solutions novatrices de sécurisation des communications numériques en exploitant les concepts de la physique quantique. Se prémunir contre les attaques issues des futurs ordinateurs quantiques est vital car celles-ci rendront immédiatement obsolètes tous les protocoles de sécurité actuels, avec pour conséquence le vol d’informations sensibles en possession des États, institutions, entreprises et citoyens. La mise à disposition du laboratoire est effective pour les institutions et entreprises qui participent à la protection quantique QKD (Quantum Key Distribution) de l’Europe.

Le pôle est-il ouvert aux entreprises frontalières, voire internationales ?

Vu la qualité des équipements et les possibilités offertes, notamment en les combinant, le Centre de cybersécurité se positionne clairement au niveau européen. L’usage de nos infrastructures est gratuit, aussi bien pour des actions train the trainer que pour accueillir des équipes de recherche européennes au laboratoire quantique. Nos infrastructures s’adressent à tous les acteurs économiques, industriels, publics et académiques d’où qu’ils viennent. Notre école dédiée à la cybersécurité est également internationale et a déjà séduit beaucoup d’entreprises, dont quelques-unes du Grand-Duché de Luxembourg.

Le pôle Redu-Transinne est donc the place to be en matière de cybersécurité ?

On peut dire ça comme ça ! Ce nouveau pôle, qui englobe le parc Galaxia à Transinne et le centre ESA/ESEC à Redu dispose d’un écosystème dynamique qui nous a permis de nouer des partenariats solides avec, entre autres, Thales (laboratoire de cryptographie quantique) et Nexova (cyber range et simulateur de crise). Lorsqu’une synergie se crée entre des opérateurs travaillant sur un même lieu, elle attire automatiquement des acteurs industriels, ici des secteurs de l’espace et de la cybersécurité. Notre mission d’atteindre un rayonnement européen, voire international, est donc sur la bonne voie.

Pierre-Yves Defosse, Business Development Officer, IDELUX.
Pierre-Yves Defosse, Business Development Officer, IDELUX.

Propos recueillis par Isabelle Couset