Depuis 2018, avec le concept « Une école pour tous », le Luxembourg a fait de l’inclusion scolaire une priorité. Notre système éducatif s’est développé pour inclure les besoins spécifiques de certains profils d’apprenants et propose aujourd’hui des moyens pédagogiques adaptés sans réduire pour autant les niveaux d’exigence des apprentissages.

Cette démarche est au coeur même de l’éducation de nos enfants, mais cette richesse et cette diversité de profils d’individus et d’apprentissages doivent être accueillies de la même manière dans le domaine de la formation professionnelle continue. De manière plus universelle, « la pédagogie inclusive postule qu’il n’existe pas d’apprenant typique et que la diversité est la norme ». Cette définition de Meyer, Rose et Gordon (2014) nous questionne sur comment faire de cette diversité une norme pour favoriser la réussite et l’inclusion de l’ensemble de nos apprenant·e·s ?

Cette diversité d’apprenant·e·s, au sens large, renvoie à une multitude de capacités individuelles (communication, capacités cognitives, culture, genre, éducation, valeurs personnelles, âge, motivations, centres d’intérêt…). Cette large palette de profils a engendré des neuromythes dans le monde de l’éducation selon lesquels une adaptation nécessiterait une charge de travail supplémentaire pour ajuster les contenus ou obligerait à revoir les objectifs pédagogiques à la baisse. Ces préjugés restent très prégnants dans le monde de la formation professionnelle.

Grâce aux nombreuses études menées par le Canada sur l’inclusion scolaire et universitaire, trois axes de développement de nos pratiques pédagogiques ont été mis en lumière : la motivation de l’apprentissage (le pourquoi), les moyens utilisés pour apprendre, expérimenter ou encore s’exprimer (le comment) et la formalisation des savoirs à acquérir (le quoi).

Comment identifier une personne à haut potentiel, comment interagir avec une personne présentant des troubles autistiques, quels sont les différents troubles dys ou encore quelles sont les difficultés rencontrées dans l’apprentissage pour une personne malvoyante ou souffrant d’un handicap moteur ? La plupart des formateurs·rices ont très peu de connaissances sur ces sujets.

En tant que pédagogue, quels sont donc les leviers possibles pour favoriser une pédagogie inclusive ?

Il est tout d’abord essentiel de se former à cette diversité. De nombreuses formations existent pour les enseignants mais trop peu de choses sont proposées pour les formateurs·rices. Par exemple, comment identifier une personne à haut potentiel, comment interagir avec une personne présentant des troubles autistiques, quels sont les différents troubles dys ou encore quelles sont les difficultés rencontrées dans l’apprentissage pour une personne malvoyante ou souffrant d’un handicap moteur ? La plupart des formateurs·rices ont très peu de connaissances sur ces sujets. Souvent démunis par ces situations et la peur de « mal faire », l’exclusion dans le groupe se pose malgré leur bienveillance.

À ce jour, nous, formateurs, pouvons déjà agir sur le comment, à savoir les retranscriptions de nos contenus. En effet, la variété des outils à notre disposition favorise la multiplication des représentations (vidéos, podcasts, supports dynamiques, pratiques…), touchant ainsi des profils de perception et de niveau cognitif différents. Par ailleurs, tablettes, correcteurs orthographiques, systèmes de reconnaissance vocale, casques antibruit, tableaux blancs interactifs ou outils collaboratifs sont déjà faciles à déployer dans nos salles de formation.

La réflexion sur les méthodes pédagogiques à mettre en oeuvre et la formalisation des savoirs est une vraie plus-value pour l’ensemble des acteurs. Elle impose une réelle créativité mais aussi une analyse en profondeur du déroulé pédagogique pour favoriser les apprentissages. Proposer simplement aux apprenant·e·s, lors du tour de table de début de formation, de signaler à l’oral ou à l’écrit leurs difficultés d’apprentissage invitent le/la formateur·rice à les prendre en compte tout au long de la formation. Rendre les objets anti-stress disponibles ou donner la possibilité de dessiner pour maintenir sa concentration dans la formation, autoriser l’enregistrement vocal du cours, sur demande, sont quelques options qui favorisent le maintien de la motivation tout au long du parcours d’apprentissage. Nous vantons les mérites d’un cours proposé dans plusieurs langues, pourquoi ne pourrait-on pas vanter un cours proposé en « pédagogie universelle » inclusive ?

Valérie Maurer Chargée d’affaires Managing Partner REVAL Consulting S.A.
Valérie Maurer Chargée d’affaires Managing Partner REVAL Consulting S.A.

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