Start-up : le Luxembourg passe à l’offensive
Le gouvernement luxembourgeois intensifie sa stratégie pour positionner le pays comme un hub européen incontournable pour les start-up et scale-up. Porté par Lex Delles, ministre de l’Économie, et Gilles Roth, ministre des Finances, un nouveau plan d’action vise à créer un environnement propice à la croissance durable des jeunes entreprises innovantes. L’objectif affiché est clair : stopper l’exode des start-up en supprimant les freins liés au financement, à l’attractivité fiscale et à l’accès aux talents.
Le volet fiscal constitue l’une des pierres angulaires de ce plan. Le projet de loi n° 8526 introduit à partir de 2026 un crédit d’impôt pour investissement dans les start-up, destiné aux particuliers. Ce dispositif innovant prévoit une réduction d’impôt de 20 % sur le montant investi, à condition que l’apport atteigne au moins 10.000 EUR et soit réalisé dans une entreprise de moins de 5 ans, innovante et non cotée. Le crédit d’impôt est limité à 100.000 EUR par investisseur et par an. S’il dépasse l’impôt dû, l’excédent peut être reporté sur l’année suivante, mais il ne peut pas être remboursé.
L’investisseur doit répondre à plusieurs critères : il ne peut être ni salarié, ni fondateur de l’entreprise cible ; il doit souscrire des actions nouvelles, intégralement libérées en numéraire, et détenir sa participation durant au moins 3 années consécutives. En outre, sa part au capital ne doit pas excéder 30 %, et seul le 1,5 million EUR de levée de fonds initial de l’entreprise peut être éligible, quelle que soit la quantité d’investisseurs.
Pour les entreprises bénéficiaires, les conditions sont strictes mais ciblées : être une société de capitaux résidente ou ayant un établissement stable dans l’EEE, compter moins de 50 salariés, ne pas dépasser 10 millions EUR de chiffre d’affaires ou de total bilan, démontrer une activité réellement innovante caracté risée par l’emploi d’au moins 2 person nes à temps plein et la mobilisation de dépenses R&D représentant au moins 15 % des charges d’exploitation sur au moins l’une des 3 dernières années.
L’initiative va de pair avec une volonté plus large de stimuler la compétitivité nationale. Une aide publique à la création de spin-off sera déployée dès mai 2025. Cette subvention, plafonnée à 200.000 EUR, prendra la forme d’un cofinancement, avec jusqu’à 80 % de fonds publics, le solde devant être couvert par du capital privé. Cette mesure vise à transformer plus efficacement les résultats de la recherche publique ou privée en projets entrepreneuriaux concrets. Par ailleurs, la Société Nationale de Crédit et d’Investissement (SNCI) mobilisera 300 millions EUR supplémentaires sur 5 ans pour renforcer le financement des start-up et de l’innovation.
Faciliter l’intégration des talents internationaux
Consciente que le financement ne suffit pas, l’action gouvernementale se déploie aussi sur le plan humain. Le lancement, prévu fin 2025, d’un Talent Desk national, porté par le ministère de l’Économie, Luxinnovation, la Chambre de Commerce et la Chambre des Métiers, facilitera l’intégration de talents internationaux. Ce guichet unique accompagnera les démarches des profils étrangers hautement qualifiés souhaitant contribuer à l’essor des entreprises luxembourgeoises.
L’innovation technologique bénéficie également d’un coup d’accélérateur. Le développement d’un AI Experience Center, piloté par la Luxembourg House of Financial Technology (LHoFT), devrait renforcer la spécialisation du pays en intelligence artificielle appliquée à la finance. Ce centre servira de tremplin à la future AI Factory, conçue pour structurer les collaborations public-privé autour de projets à haute valeur ajoutée.
Enfin, les Luxembourg Venture Days, dont la prochaine édition se tiendra les 22 et 23 octobre 2025, ambitionnent de devenir un rendez-vous international de référence. Ce forum vise à connecter investisseurs, entrepreneurs, institutions et experts autour d’une vision commune : faire du Luxembourg un pôle d’innovation agile, attractif et durable à l’échelle européenne.
