L’année qui se profile n’est guère enthousiasmante si l’on s’en tient aux faits. D’une part l’incertitude économique et l’inflation exigent un budget plus serré ; d’autre part les objectifs de rétention et d’attraction des talents combinés à l’enjeu de l’upskilling des employés requièrent un renouvellement des programmes de développement pour maintenir la compétitivité de l’entreprise. Ces contraintes, qui sont contradictoires, mettent les départements Formation au défi et leur imposent plus que jamais de se renouveler et d’innover.

Dans de telles situations, la nature est une source précieuse d’inspiration et, dans le cas présent, les écosystèmes se révèlent une structure qu’il nous semble judicieux de copier. Selon Larousse, un écosystème se définit comme un « système formé par un environnement et par l'ensemble des espèces qui y vivent, s'y nourrissent et s'y reproduisent ». Transposé à la fonction formation, l’écosystème de formation serait comme un ensemble englobant les méthodes, les ressources, les personnes et la technologie utilisée pour soutenir le développement.

La force des écosystèmes naturels est leur capacité d’adaptation aux circonstances. Mettre en place un écosystème de formation offre une adaptabilité tout à fait similaire en révisant les équilibres entre ses composants. Prenons tout d’abord les méthodes de formation. Si beaucoup de programmes sont traditionnellement délivrés en classe, virtuelle ou présentielle, les outils-auteur, aujourd’hui disponibles sur le marché à moindre coût, permettent de transposer une partie des programmes en format digital. Une fois développés, ceux-ci sont disponibles à tout moment, sans mobiliser d’autre ressource que le temps de l’employé qui se forme.

Une optimisation des ressources pré- sentes dans l’écosystème de formation permet également de gagner en efficacité et en impact. Considérons l’exemple des communautés de pratique, d’un programme de mentoring (ou reverse mentoring ?) ou encore des sessions de codéveloppement.

Ces méthodes s’appuient sur l’expérience et les connaissances accumulées par les employés de l’entreprise. En structurant ces moments de partage en véritables moments d’apprentissage, moins formels que les sessions classiques de formation et donc moins coûteux, l’équipe formation fait coup double : assurer un transfert des compétences en interne et par la même occasion monter en compétences de coaching et d’encadrement les animateurs de ces séances de partage.

Les employés, acteurs de la formation grâce au social learning

Un troisième élément de l’écosystème que le département Formation peut mobiliser plus fortement est l’apprenant lui-même. Faire des apprenants l’un des moteurs-clés de la formation se révèle très efficace : au-delà de les responsabiliser dans la réalisation de leur programme, en faire des acteurs de la formation grâce au social learning démultiplie les possibilités de formation offertes à l’ensemble de l’entreprise.

Ainsi, les employés peuvent contribuer à l’effort commun de formation grâce à la création de tutoriels sur les outils utilisés par l’entreprise, la création de fiches mémo explicitant les bonnes pratiques, la mise en ligne sur le réseau interne de l’entreprise de vidéos partageant les méthodes de travail, etc. Chacun peut soutenir la mise en place du social learning. Enfin, cet écosystème de formation ne saurait fonctionner sans l’appui d’une technologie appropriée.

Qu’il s’agisse des outils-auteur ou d’un intranet interne tels qu’évoqués ci-avant, une intégration des différentes solutions technologiques au quotidien des apprenants est essentielle au déploiement efficace de l’écosystème. L’année qui nous attend est ainsi aussi une extraordinaire opportunité de créer un écosystème de formation. Il ne s’agit pas d’un processus ponctuel. Comme tout écosystème, il est un système vivant, qui évolue, s’adapte aux aléas des conjonc- tures et des évolutions de l’organisation et dont l’agilité constante est la clé pour relever les défis qui s’annoncent.

Carole Houpert Director Learning & Development Arendt Institute
Carole Houpert Director Learning & Development Arendt Institute