Cushman & Wakefield
La résilience est de mise sur le marché du retail
Le Luxembourg reste-t-il un marché attractif pour les grandes enseignes internationales ? Oui, répondent Marine Fetique, Associate, et Cynthia Mitidieri, Consultant, au sein du département Retail de Cushman & Wakefield. Rencontre.
Que retenez-vous de l’année 2022 inscrite dans un contexte de polycrise ?
Malgré un environnement économique incertain, l’année 2022 reste dans le pro- longement des années précédentes, avec un nombre +/- équivalent de deals. Le take up a même atteint un niveau inattendu de +/- 56.000 m² (à noter que ce chiffre inclut les 24.500 m² de la nouvelle concession Bilia-Emond à la Cloche d’Or). Le qualificatif qui définit le mieux le marché luxembourgeois du retail en 2022 est résilient. La stabilité des loyers et les aides de l’État ont permis de limiter le nombre de faillites commerciales. Le contexte économique et politique n’a pas vraiment impacté l’intérêt des enseignes internationales. En effet, les enseignes premium ou du luxe ainsi que les secteurs Food & Beverage et de l’HORECA ont toujours le vent en poupe.
La 1ère ouverture de Pitaya et l’ouverture prochaine de la chaîne britannique Prêt A Manger au sein du Royal-Hamilius démontrent que le centre-ville reste attractif. On peut également noter la seconde ouverture de Jott dans la Grand-Rue. La rue Philippe II confirme sa situation de premier choix dans la capitale pour le premium/luxe. Certaines enseignes continuent d’épier les moindres m² vacants de cette rue, en attente d’une opportunité.
Cette année, nous avons assisté à un jeu de chaises musicales avec Chanel qui a ouvert un peu plus haut dans la rue pour laisser sa place à Zadig & Voltaire, qui lui-même laissera sa place à l’enseigne Elisabetta Franchi. Cette dernière y ouvrira son premier et unique magasin au Grand-Duché de Luxembourg. On peut également se réjouir de la reprise d’activité dans le quartier de la Gare, longtemps défiguré par les travaux du tram et par la fermeture de nombreux commerces. Les enseignes se montrent à nouveau très intéressées par le quartier. On a vu Foot Locker traverser l’avenue de la Gare pour investir un magasin beaucoup plus grand (ex-H&M) et Courir qui a choisi d’y ouvrir prochainement son 3e magasin. McDonald’s y avait déjà fait son grand retour (rue de Bonnevoie) deux ans après avoir quitté son emplacement historique (au début de l’avenue de la Gare). On s’attend aussi à de nouvelles arrivées courant 2023... Le quartier reprend donc des couleurs.
Et dans les centres commerciaux ?
Ils restent attractifs. Nous avons toujours plus de demandes que d’emplacements à offrir aux marques intéressées. Nous pouvons relever les 1ères ouvertures des enseignes Pokawa à la Cloche d’Or, KFC à Pommerloch et Marnach ainsi que New Yorker qui ouvre deux nouveaux magasins dans les centres Topaze (Mersch) et Knauf (Schmiede). Considérons tout de même que l’augmentation des coûts de l’énergie et des matières premières viendra certainement impacter les locataires qui verront le montant de leurs charges communes grimper. Pour certaines enseignes, cela peut être risqué, voire remettre en question leurs business models.
La périphérie intéresse-t-elle les marques ?
Oui, et ce n’est pas nouveau. Outre les zones périphériques incontournables comme Foetz, les marques cherchent à se développer dans de nouvelles régions. Les loyers très élevés dans la capitale ainsi que la crise sanitaire ont induit de nouveaux modes de vie chez les consommateurs. En effet, les populations ont confirmé leur volonté de s’excentrer pour bénéficier d’un coin de nature et de loyers plus abordables. Les enseignes suivent donc ce mouvement et on voit des zones comme Mersch se développer fortement.
Une crise s’amorce sur le marché immobilier luxembourgeois. Comment voyez-vous les prochains mois ?
Il est vrai que l’avenir est flou, mais cela fait déjà de nombreux mois que les projections sont difficiles pour de nombreux secteurs, à court ou à moyen terme. Néanmoins, nous restons confiantes dans nos projets et espérons que le marché luxembourgeois se montrera résilient, comme en 2022.
Propos recueillis par Isabelle Couset