Nommée depuis le 1er juin à la tête de Baloise au Luxembourg, Christine Theodorovics y fait souffler un vent nouveau en matière de management, reflet de sa personnalité, souriante et abordable, mais aussi aguerrie par 23 ans de postes à responsabilités dans l’industrie financière internationale. Rencontre.

Christine Theodorovics, CEO, Baloise au Luxembourg.
Christine Theodorovics, CEO, Baloise au Luxembourg.

Pouvez-vous nous retracer brièvement votre parcours ?

Native de Vienne, j’ai passé un master Business Administration à l’Université de Vienne. Je suis également titulaire d’un master of Arts in European Economic Studies du Collègue d’Europe de Bruges (Belgique), d’un diplôme d’Études Supérieures en Banque de l’Institut Financier Suisse et d’un doctorat en Business Administration de l’Université de Gloucestershire (Royaume- Uni). J’ai débuté ma carrière en 1996 en tant que consultante pour le groupe Kantar en Allemagne (études de marché et marketing), avec des projets en Europe, États-Unis et Afrique du Nord. Entre 2004 et 2010, j’ai travaillé pour le Groupe Swiss Life où j’ai eu l’opportunité d’évoluer sur plusieurs marchés (Asie et Moyen-Orient) au travers de différents postes à responsabilités.

En 2011, j’ai rejoint le Groupe Zurich Insurance où j’ai occupé des fonctions de membre du CA de Zurich Allemagne, de directrice de la distribution bancaire, de directrice Vie pour Zurich Suisse, de directrice générale Global Life Autriche… En 2019, j’ai accepté le poste de Chef de stratégie du Groupe AXA à Paris au sein du comité exécutif européen pour piloter la stratégie de distribution, innovation, solutions digitales et ESG. Puis est venue l’offre de Baloise au Luxembourg.

Pour quelles raisons avez-vous été séduite par la proposition de Baloise ?

Comme vous le voyez, j’ai occupé de nombreux postes, dont certains ne concernaient pas l’exécutif. Je savais que si je devais à nouveau accepter un poste dans l’exécutif, celui-ci devrait me donner toute latitude de pouvoir décider, prendre les responsabilités et optimiser les choses, et c’est le cas. Ce qui me plaisait particulièrement bien aussi c’est que Baloise au Luxembourg est une compagnie de presque 500 personnes, sans oublier les nombreux agents, donc de taille où on peut bouger des choses rapidement. Elle se trouve en outre dans un pays multiculturel et disposant d’une place financière reconnue à l’international, donc qui a un rôle stratégique, notamment visà- vis de notre maison mère à Bâle. De plus, Baloise au Luxembourg possède encore cet esprit entrepreneurial que j’aime tant et que je compte préserver.

Vous dites vouloir optimiser certaines choses, lesquelles ?

Le grand avantage lorsqu’on arrive dans une nouvelle entreprise, c’est que l’on voit les choses avec un regard neuf. Il faut en profiter car, quelques mois après, l’esprit analytique du début cède la place à une certaine routine du quotidien. Depuis ma prise de fonction, j’observe donc beaucoup et je m’imprègne de la culture de Baloise. À cette fin, nous avons organisé des speed datings de 5 minutes avec les collaborateurs, de manière à faire connaissance. J’ai apprécié le format et j’aimerais que l’exercice se poursuive régulièrement. Pour moi, la culture d’entreprise est un axe important du management, qui scelle les valeurs de l’entreprise ainsi que la confiance et la solidarité entre tous les collaborateurs. Je souhaite donc insuffler à tous des valeurs fortes, nécessaires pour continuer à avancer, notamment en temps de crise.

Ensuite, ce sont des améliorations techniques, ici ou là, qui concernent des produits, la digitalisation, des segments, des focus à mettre sur certains produits, qui ont trait aussi à l’amélioration constante que nous apportons aux relations avec nos agents, courtiers et, bien sûr, avec nos clients… Mon expérience fait que j’accorde une grande importance à la gouvernance, pourvu qu’elle soit dynamique. Je veux absolument conserver l’esprit entrepreneurial de la compagnie, qui compte des diplômés de tous horizons (mathématiciens, statisticiens…) pour qu’ils continuent à développer des projets, dans le cadre d’un management transversal dont je suis adepte, qui permet à chacun de s’exprimer, défendre ses idées… en s’impliquant dans un travail collectif. Si le management manoeuvre bien, c’est-à-dire en veillant à ce que chaque collaborateur se sente reconnu au sein de l’entreprise, la diversité est une vraie richesse. L’humain doit être au coeur du management, c’est ma conception.

Vous parlez de diversité. Et les femmes dans tout ça ?

Pour avoir été longtemps la seule ou rare femme à des niveaux de top management, vous imaginez bien que c’est un sujet qui me tient à coeur. Comme je l’ai déjà mentionné, je souhaite que tous les collaborateurs au sein de Baloise puissent s’exprimer librement sans crainte. Les femmes, quand elles sont en minorité visible, peuvent parfois être moins enclines à s’imposer ou prendre la parole lors de réunions entourées de leurs collègues masculins. Cela ne fait pas de sens car toutes les voix sont importantes et valent d’être entendues... mais avant toute chose, je suis pour la méritocratie et je compte contribuer à faire évoluer les mentalités en ce sens.

Propos recueillis par Isabelle Couset