En cette période où les incertitudes économiques n’ont jamais été aussi nombreuses, quelle entreprise peut dire que ses clients, même les plus fidèles, n’éprouvent pas de difficultés financières ? Comment identifier rapidement les risques de défaut et protéger son organisation ? Pierre-Henri Molle, mandataire général d'Atradius Crédito y Caución S.A. de Seguros y Reaseguros, répond à nos questions.

Pierre-Henri Molle, mandataire général, Atradius Crédito y Caución S.A. de Seguros y Reaseguros.
Pierre-Henri Molle, mandataire général, Atradius Crédito y Caución S.A. de Seguros y Reaseguros.

Pouvez-vous rappeler le fonctionnement d’une assurance-crédit ?

C’est une solution simple, économique et flexible qui permet à toute entreprise – de tout secteur et de toute taille – d’obtenir le paiement de marchandises livrées ou de prestations de services effectuées en transférant le risque de non-paiement à l’assureur. Si l’entreprise souscriptrice fait face à un client défaillant, un risque politique ou tout autre événement défini dans le contrat, c’est l’assureur-crédit qui va l’indemniser, généralement à hauteur de 90 % HT du montant facturé. L’assureurcrédit se tourne ensuite vers le client défaillant pour récupérer le paiement de la créance due.

L’entreprise paie-t-elle une prime sur l’ensemble de sa clientèle ?

Non, l’entreprise demande une couverture crédit sur ses clients et Atradius fait alors une analyse poussée de la situation financière de ceux-ci. Soit nous acceptons de couvrir le risque, soit nous refusons en expliquant pour quelles raisons. Dans le cas où notre mission s’arrête à cet avis financier, l’entreprise ne paiera que celui-ci. Grâce à notre réseau mondial, nous avons accès aux informations financières de plus de 200 millions de sociétés, c’est dire le travail que nous pouvons mener pour préserver les entreprises qui travaillent en Europe et dans le monde !

« L’entreprise demande une couverture crédit sur ses clients et Atradius fait alors une analyse poussée de la situation financière de ceux-ci. Soit nous acceptons de couvrir le risque, soit nous refusons en expliquant pour quelles raisons. Dans le cas où notre mission s’arrête à cet avis financier, l’entreprise ne paiera que celui-ci. »

Depuis la guerre en Ukraine, avez-vous dû gérer beaucoup de sinistres ?

Non, pour le moment, nous ne constatons pas de dégâts majeurs. Face aux sanctions européennes et mondiales, nous avons dû accompagner plus particulièrement nos clients qui avaient des liens commerciaux avec l’Ukraine et la Russie. Jusqu’à présent, les clients russes ont honoré leurs paiements.

À l’heure où les entreprises comptent à l’euro près chaque dépense, que leur diriez-vous pour les convaincre de faire appel à vos solutions ?

Il est vrai que l’attitude est paradoxale : lorsque leur niveau de trésorerie est bon, les entreprises sont plus enclines à souscrire une assurance-crédit que lorsqu’il est moins bon. Pourtant, c’est surtout en période de crise, pour protéger justement leur trésorerie, que les entreprises devraient se prémunir des défaillances. Dans une période économique difficile à appréhender, on peut comprendre qu’une souscription est parfois une dépense qu’elles jugent onéreuse, mais qu’arrive-t-il si leur(s) client(s) fait (font) défaut ? Je leur conseillerais donc d’opter au minimum pour une analyse de risques afin d’identifier rapidement les clients qui pourraient être défaillants, et ainsi travailler plus sereinement.

Propos recueillis par Isabelle Couset