Protéger son entreprise en minimisant les risques

Dans le contexte actuel de polycrise, comment une entreprise peut-elle identifier rapidement les risques de défaut de ses clients, même des plus anciens, et faire en sorte que son organisation soit la mieux protégée possible ? L’assurance-crédit fait partie de ces protections, comme nous l’explique Pierre-Henri Molle, mandataire général, Atradius Crédito y Caución S.A. de Seguros y Reaseguros.

Pierre-Henri Molle, mandataire général, Atradius  Crédito y Caución S.A. de Seguros y Reaseguros.
Pierre-Henri Molle, mandataire général, Atradius Crédito y Caución S.A. de Seguros y Reaseguros.

Comment ressentez-vous la situation actuelle ?

Nous vivons dans une grande période d’incertitude. Mêmes les experts les plus aguerris ne peuvent faire que des projections à court terme, et encore..., quand ils en font, d’autres facteurs se sont ajoutés entretemps et leurs prévisions sont déjà caduques. Pour preuve, en 2021 les banquiers centraux ne croyaient pas au caractère durable de l’inflation, on est en plein dedans ; une récession était annoncée au dernier trimestre de l’année dernière, celle-ci n’est pas (encore) arrivée... Aujourd’hui, l’économie vit en grande partie sur la réserve d’une épargne constituée en majorité par la classe moyenne durant le COVID, laquelle continue à consommer mais pour combien de temps ? L’économie étant basée sur des décalages, la fin des hausses des taux d’intérêt n’est pas encore là, de même qu’une diminution significative de l’inflation... Après la Banque Centrale américaine, la BCE a aussi décidé d’un relèvement de 25 points de base des taux directeurs, ce qui va encore restreindre les possibilités de crédit aux entreprises. Ce que l’on sait avec certitude, c’est que les banques prêtent plus difficilement, ce qui entraîne des ajournements ou reports d’investissements. D’ailleurs, un élément qui fait l’unanimité au sein du monde de la finance est que quand la courbe des taux d’intérêt s’inverse, c’est-à-dire lorsque les taux sont plus élevés à 1 an qu’à 10 ans, un fort ralentissement économique s’annonce. On le voit déjà aux États-Unis et en Allemagne où les intervenants exigent une prime de risque à court terme car ils s’inquiètent plus de ce qui va se passer dans un an que dans 10.

En ces temps difficiles, les entreprises devraient-elles envisager de souscrire une assurance-crédit ?

Je pense qu’il est minuit moins une. Beaucoup de voyants sont à l’orange ou au rouge et, dans ce contexte, nous ne saurions que recommander aux entreprises de se protéger. La vitesse à laquelle peut dégringoler une entreprise cliente est très rapide, nous le voyons dans l’augmentation des sinistres constatée depuis septembre 2022. Parfois, il n’y a aucun élément annonciateur à la défaillance d’une entreprise.

Comment fonctionne une assurance-crédit ?

Lorsqu’une entreprise souscrit une assurance-crédit, elle transfère le risque de non-paiement de marchandises livrées ou de prestations de services effectuées à l’assureur. Si l’entreprise assurée fait face à un client défaillant, un risque politique ou tout autre événement défini dans le contrat, c’est l’assureur-crédit qui va l’indemniser, à hauteur de 90 % HT du montant facturé, dans la majorité des cas. Ensuite, l’assureur-crédit se tournera vers le client défaillant pour récupérer le paiement de la créance due. La solution est simple et flexible pour toute entreprise, quels que soient sa taille et son secteur d’activité. L’assurance-crédit est un outil de gestion permettant de minimiser les risques d’impayés. En ces temps compliqués, notamment en termes de trésorerie, autant ne pas y ajouter encore des problèmes financiers à cause d’un client qui ne vous paye pas...

Propos recueillis par Isabelle Couset