C’est au début des années 1970 que l’ancienne Chambre des employés privés – qui constitue aujourd’hui la Chambre des salariés avec l’ancienne Chambre de travail – s’aventure pour la première fois dans l’univers de la formation continue en proposant des cours en informatique. Depuis, l’offre de formation a connu un développement horizontal et vertical extraordinaire. La Chambre des salariés (CSL) est aujourd’hui l’un des principaux opérateurs de formation continue au Luxembourg. Entretien avec Nora Back, présidente de la CSL et présidente de l’OGBL.

Quels sont les événements saillants qui ont émaillé ces 50 années de formation continue ?

Dans les années 1970, dans un environnement économique et technologique en pleine mutation, les responsables de notre chambre professionnelle étaient déjà persuadés de l’importance de la formation continue. Aussi, en 1971, ils ont pris la décision d’organiser des cours d’informatique de gestion sous la forme de cours du soir, et les jalons étaient posés pour la création du Luxembourg Lifelong Learning Centre (LLLC). En 1978, suivent les premiers cours en comptabilité qui sont offerts grâce au partenariat conclu avec la Société de Comptabilité. Aujourd’hui, le LLLC propose plus de 285 modules de cours du soir, tous sanctionnés par un examen. Les diplômes et certificats sont conjointement signés par le ministère de l’Éduction nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse, et la CSL.

Les premiers programmes universitaires en formation continue sont lancés en 1996/1997, en partenariat avec l’Université de Nancy 2. Au fil des années, de nombreux partenariats se sont créés avec des institutions universitaires de renommée ; ce qui a permis au LLLC d’élargir de manière considérable sa gamme de formations universitaires.

Aujourd’hui, le LLLC propose une dizaine de masters et de bachelors en horaire aménagé au Luxembourg. En 25 ans, plus de 5.500 inscriptions ont été enregistrées à nos formations supérieures.

Nora Back, présidente de la Chambre des salariés (CSL) et présidente de l'OGBL. Photo-Focalize/Emmanuel Claude
Nora Back, présidente de la Chambre des salariés (CSL) et présidente de l'OGBL. Photo-Focalize/Emmanuel Claude

En 2000, le LLLC étend son offre de formation en proposant désormais des séminaires dans le domaine des Ressources humaines. 21 ans plus tard, le programme des séminaires comprend quelque 250 séminaires dans plus de 16 domaines.

En 2004, la CSL reçoit son 1er label de Centre de certification agréé pour les domaines des TIC et devient un centre accrédité pour délivrer l’European Computer Driving Licence (ECDL). Il obtiendra ensuite l’agrément pour devenir centre de test officiel pour les certifications CISCO et pour Pearson VUE.

A partir de 2011, le LLLC introduit le Diplôme d’Accès aux Études Universitaires (DAEU) en collaboration avec l’Université de Lorraine (à l’époque l’Université Paul Verlaine de Metz), permettant ainsi aux salariés non-détenteurs d’un diplôme de fin d’études secondaires de compléter leur formation initiale.

L’année 2019 voit la création de formations spécialement dédiées aux seniors et aux délégués du personnel. En 2020, en pleine crise sanitaire, le LLLC modernise son offre de formation en intégrant des solutions technologiques dans ses différentes activités de formation. Celles-ci lui permettent d’offrir davantage de formations à distance ou en blended learning et d’augmenter la qualité de ses formations en présentiel en les munissant d’un espace de travail et d’échanges virtuel.

« Dans les années 1970, dans un environnement économique et technologique en pleine mutation, les responsables de notre chambre professionnelle étaient déjà persuadés de l’importance de la formation continue. Aussi, en 1971, ils ont pris la décision d’organiser des cours d’informatique de gestion sous la forme de cours du soir, et les jalons étaient posés pour la création du Luxembourg Lifelong Learning Centre (LLLC). »

En 2021, le LLLC compte plus de 12.000 inscriptions par an, toutes formations confondues. Le succès est dû à la panoplie de formations diversifiées – à différents niveaux, dans divers domaines, dans plusieurs langues et dans différentes localités. Elles se déroulent, pour la plupart, en dehors des heures de travail, ce qui permet aux participants de concilier obligations professionnelles et familiales avec leurs projets de formation continue.

Ce sont toujours les grands enjeux économiques qui continuent de guider notre offre, car la formation continue est plus que jamais un puissant instrument de promotion sociale et contribue à l’essor économique du pays.

Vous parlez de grands enjeux, quels sont-ils aujourd’hui ?

Il y en a beaucoup car la mutation rapide du monde du travail apporte avec elle de grands changements, dont deux sont cruciaux : la relation employeur-salarié, notamment en raison du télétravail, et de la nature des contrats de travail qui se muent de plus en plus en CDD ou ceux qui sont offerts aux travailleurs des plateformes numériques, parfois à la limite de la légalité. La transformation numérique et l’écologie vont radicalement changer la donne. Dans pratiquement tous les secteurs économiques, on s’attend à ce que beaucoup d’emplois soient modifiés, disparaissent, mais aussi que d’autres soient créés et pour lesquels on ne connaît pas encore la teneur. Il est donc essentiel d’anticiper et de se préparer à ces grands bouleversements, notamment par la formation.

Et depuis 50 ans, la CSL y a toujours répondu dans son offre de formation…

En effet, les différentes crises qui ont jalonné l’économie depuis 50 ans, notamment celles de la sidérurgie, des subprimes, du COVID-19, pour ne citer que celles-là, ont conforté la CSL, via son Luxembourg Lifelong Learning Centre, dans son approche de la formation : permettre à tout salarié de se reconvertir ou d’avancer dans sa carrière professionnelle. Comme je l’ai évoqué, nous avons été les premiers à offrir, il y a 25 ans, des formations universitaires. Plus récemment, dans le contexte de la crise sanitaire, notre offre s’est adaptée tant aux visioconférences qu’à des cours plus ciblés sur le télétravail, la protection des données… ou encore sur le bien-être (stress, burnout, harcèlement…).

Nous collaborons étroitement avec l’ADEM pour la formation des chômeurs et, depuis quelques années, proposons des cours aux seniors. Toute notre offre a toujours été pensée dans une approche sociale, permettant au plus grand nombre d’y avoir accès, pour un prix modéré. En 50 ans, nous avons franchi la barre des 250.000 personnes inscrites. Depuis 2018, notre nouveau bâtiment nous permet d’offrir des infrastructures de pointe. Notre Centre de Formation et de Séminaires (CEFOS) à Remich et la collaboration avec différents lycées nous permet également de décentraliser nos formations, toujours dans cette optique d’accès au plus grand nombre.

Pour conclure, comment voyez vous l’avenir social ?

Plus que jamais, les salariés, les chômeurs et les seniors ont besoin d’organes qui défendent activement leurs droits. Nous sommes à une étape charnière où il est impératif qu’employeurs et représentants des salariés travaillent main dans la main pour relancer l’économie et se préparer aux grands défis qu’elle imposera demain. La formation tout au long de la vie est l’un de ceux-ci car des salariés bien/mieux formés sont les atouts des entreprises de demain. Le dialogue social doit donc être constructif. De même qu’au niveau national où il faut viser plus de justice sociale. Les politiques du logement, de la santé, des prestations sociales… montrent leurs limites. La précarité n’est pas un vain mot, même au Luxembourg !

« Toute notre offre a toujours été pensée dans une approche sociale, permettant au plus grand nombre d’y avoir accès, pour un prix modéré. En 50 ans, nous avons franchi la barre des 250.000 personnes inscrites. »

Propos recueillis par Isabelle Couset