Des objectifs ambitieux ont été fixés par l’Union européenne pour 2020 en matière de politique énergétique et de climat. A cette date, les émissions de CO2 devront être réduites de 20 % alors que l’efficacité énergétique et l’utilisation des énergies renouvelables devront augmenter de 20 %.  A cela s’ajoute la législation luxembourgeoise qui exigera, à partir de 2017, que toute nouvelle construc­tion au Luxembourg remplisse les exigences des classes énergétiques AAA. Tous ces objectifs ne pourront être atteints que si un nombre suffisant d’artisans et d’ouvriers du bâtiment ait été formé. C’est là qu’intervient LuxBuild2020, comme nous l’expliquent Bruno Renders, directeur de l’Institut de Formation Sectoriel du Bâtiment (IFSB), et Alexis Sikora, chef du département Construction durable de l’IFSB.

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De g. à dr. : Alexis Sikora, chef du département Construction durable, IFSB, et Bruno Renders, directeur, IFSB


LuxBuild2020 vise la formation des artisans et des ouvriers dans le secteur de la construction au Lux­embourg. Comment cette plate-forme nationale fonctionne-t-elle ?

L’IFSB, la Chambre des Métiers et Myenergy constituent le consortium du projet. Un état des lieux (statu quo) a déjà été établi. Celui-ci rassemble les données actuelles concernant le secteur et l’offre de formations. Cette analyse va nous permettre de mettre en place, avec nos partenaires, les stratégies de formation et les structures adéquates afin de préparer le secteur de la construction aux objectifs fixés et aux nouvelles exigences, dans une feuille de route dont le plan d’action final a été présenté en juillet dernier.

D’après l’état des lieux, combien de personnes sont à former d’ici 2020 ?

Vu que le secteur de la construction emploie un pourcentage important de main-d’œuvre étrangère, les parcours de formation et expériences professionnelles des salariés du secteur sont hétérogènes. Nous avons réalisé un état des lieux qui a mis en avant de grandes disparités quant aux personnes ayant suivi une formation dans le domaine de l’efficience énergétique ou des énergies renouvelables ces dernières années et il existe un grand besoin en formation au niveau des connaissances générales des constructions passives. D’ici 2020, quelque 13.000 salariés manuels (maçons, couvreurs, électriciens, façadiers…) devront être formés, c’est-à-dire +/- 1.900/an à partir de 2014. De plus, on sait qu’au vu des éco-matériaux et éco-technologies qui (r)évoluent, comme nous le disons, les compétences à maîtriser pour un artisan ou un salarié actif dans le domaine des énergies renouvelables et de la performance énergétique devront faire l’objet d’une formation continue constante. Notre Neobuild Innovation Center, qui est en phase de construction, permettra au secteur de la construction durable d’être toujours au cœur de l’innovation  technologique.

A quelques années de 2020, voilà un travail fastidieux…

En effet, mais les enjeux en valent la peine. C’est la raison pour laquelle nous nous devons de motiver tous ceux qui, de près ou de loin, sont concernés par le développement durable, car ceux qui n’en comprennent pas les enjeux aujourd’hui sont amenés à disparaître. Pour cela, les partenaires vont établir une approche de communication structurée à destination des entreprises, des salariés, des jeunes et des responsables de l’orientation scolaire et professionnelle.

En tant qu’IFSB, nous vivons ce challenge comme une très belle opportunité. Pour le secteur de la construction, comme pour le pays, être en phase avec les objectifs de 2020 sera un atout en matière de compétitivité. Pour un organisme comme le nôtre, pouvoir former quasiment une génération à des technologies et techniques d’avenir est une première. C’est un sacré défi et nous mettons tout en oeuvre pour le relever.

Propos recueillis par Isabelle Couset

www.buildupskills.eu/national-project/luxembourg