Avec le gouvernement (ministère des Finances et ministère du Développement durable et des Infrastructures), un groupe de 8 acteurs privés (Arendt & Medernach, Deloitte, Elvinger Hoss Prussen, EY, Innpact, LMDF, KPMG et PwC) travaille actuellement à la création d’un acccélérateur de gestionnaires de fonds climatiques. Point avec Laurent Capolaghi, Partner Private Equity chez EY Luxembourg.

Laurent Capolaghi, Partner Private Equity, EY Luxembourg.
Laurent Capolaghi, Partner Private Equity, EY Luxembourg.
  

Pouvez-vous nous expliquer brièvement ce qu’est la Climate Finance Task Force luxembourgeoise ainsi que ses missions ?

En décembre 2014, à la veille de prendre la présidence de l’UE et afin de préparer la COP21, le gouvernement a souhaité donner une impulsion forte en matière de financement de la transition climatique et positionner le Luxembourg comme place de référence pour la finance climatique. Une Climate Finance Task Force a ainsi été mise en place sous la présidence de Marc Bichler, ambassadeur itinérant pour le changement climatique. Quatre initiatives ont vu le jour : une plateforme d'investissement avec la Banque Européenne d'Investissement, la création d'un label LuxFLAG, un compartiment dédié à la finance verte au sein de la Bourse ainsi que l'International Climate Finance Accelerator (ICFA), le projet le plus novateur des quatre, qui va permettre d’aider les gestionnaires de fonds de finance climatique à se développer plus rapidement et ainsi décupler leur impact positif sur le climat.

A qui est destiné ce Climate Finance Accelerator ?

Il s’adresse à tout gestionnaire de fonds qui souhaite investir dans des projets luttant contre les effets du changement climatique, des projets d’adaptation aux changements climatiques ou des projets de reforestation, de gestion durable des forêts ou luttant contre la dégradation des forêts. L’idée est de les aider dans leurs premières années de levée de fonds qui sont les plus critiques. Un comité sélectionnera les candidats, quatre par quatre, puis chacun pourra disposer d’un prêt remboursable, de services de support à la carte, d'ateliers de travail entre pairs et d'un accès à un coach, spécialiste en finance climatique et en développement d’entreprise. Des locaux communs seront également proposés afin de créer un véritable éco-système local.

Quand l’Accélérateur sera-t-il opérationnel ?

La première phase de faisabilité a été validée et la mise en place de l’ICFA a officiellement été lancée en juin 2017. Nous travaillons d’arrache-pied sur la sélection des différents partenaires et du comité de sélection ainsi qu'à la mise en place des cahiers des charges respectifs et du plan de communication. Cela devrait permettre d’être opérationnel au courant du 1er semestre 2018.

Comment combiner finance climatique et fonds d’investissement ?

La combinaison est naturelle. D’un côté, la transition climatique nécessite des fonds colossaux pour atteindre les objectifs qui ont été fixés lors de la COP21. De l’autre les fonds d’investissements servent à collecter des capitaux auprès d’investisseurs afin de les investir selon une stratégie définie. Il est ainsi évident que les fonds d’investissement ont un rôle clé à jouer dans ce financement. Depuis quelques années, les acteurs publics se positionnent en temps qu’investisseurs de référence afin d’inciter des investisseurs privés à se joindre au projet qui est porté par le fonds. Le Forestry and Climate Change Fund, qui réunit les ministères des Finances et du Développement durable et des Infrastructures ainsi que la BCEE, la BIL et le Foyer, est un bel exemple qui combine gestion durable des forêts tout en incitant le développement économique, écologique et social.

Quel est l’impact attendu pour le Luxembourg à moyen et long terme ?

La finance climatique et plus globalement la finance responsable sont devenues incontournables dans l’industrie de la gestion d’actifs. Le Luxembourg, grâce à son expertise, son positionnement innovant et précurseur sur le sujet, a su se hisser comme le centre financier de prédilection. Nous sommes la première place en termes d’obligations vertes au monde et la première place en termes de fonds d’investissement durable. Ce succès entraîne ainsi indéniablement un impact positif et pérenne pour notre place financière.

Propos recueillis par Isabelle Couset