Cet article s’inscrit dans le cadre des études menées par le Luxembourg Institute of Socio-Economic Research (LISER) sur la digitalisation du marché du travail et ses conséquences sur les employés. Il s’intéresse à l’adéquation entre les compétences digitales détenues par les employés et celles exigées par leur emploi.

Détenir les bonnes compétences pour exercer son emploi est un élément clé de la compétitivité d’une entreprise et d’un pays. Cependant, en raison de rapides mutations et de frictions sur le marché du travail, de nombreux travailleurs occupent des emplois pour lesquels leurs compétences ne coïncident pas aux besoins de leur poste(1).

La digitalisation du marché du travail, dont le rythme s’est accru en raison de la pandémie de la COVID-19, met en premier plan la nécessité pour les salariés de disposer de compétences digitales. D’ailleurs, au Luxembourg, 70 % des offres d’emploi publiées en ligne en 2020 demandaient des compétences digitales de base et 57 % des compétences digitales plus spécifiques (gestion de données, communication Web, programmation, etc.)(2). Cet article s’intéresse au regard que les employés portent sur leurs compétences digitales.

Des compétences digitales jugées plus souvent suffisantes par les employés en Allemagne et au Luxembourg

Au Luxembourg, en décembre 2019, 85 % des résidents en emploi estimaient avoir les compétences digitales suffisantes pour effectuer leur travail, 10 % estimaient, en revanche, que leurs compétences en la matière étaient insuffisantes et 5 % n’avaient pas d’avis sur la question. Parmi les pays frontaliers, c’est en Allemagne que les personnes en emploi jugent le plus souvent que leurs compétences digitales sont suffisantes (89 %) et c’est en France où elles partagent le moins souvent cet avis (79 %). Si une même part de résidents du Luxembourg et de Belgique estiment que leurs compétences digitales sont suffisantes, ce sentiment est, toutefois, plus fort au Luxembourg.

En effet, 44 % des résidents du Luxembourg sont tout à fait d’accord avec le fait qu’ils disposent de compétences digitales suffisantes dans le cadre de leur emploi et 41 % sont plutôt d’accord, contre respectivement 31 % et 53 % des résidents de Belgique (cf. graphique).

Part des personnes en emploi considérant être suffisamment compétentes dans l’utilisation des outils digitaux pour faire leur travail en décembre 2019 selon le pays de résidence

Source : Eurobaromètre 92.4, décembre 2019, calculs : LISER. Champ : résidents en emploi.
Source : Eurobaromètre 92.4, décembre 2019, calculs : LISER. Champ : résidents en emploi.

Lorsque l’on interroge les personnes en emploi sur les principaux obstacles qui les empêchent d’améliorer leurs compétences digitales, il ressort, au Luxembourg comme dans les pays frontaliers, que c’est le manque de temps. Au Luxembourg, en décembre 2019, 45,8 % des résidents en emploi citaient cet obstacle.

Le manque de temps est le principal obstacle au développement des compétences digitales

Lorsque l’on interroge les personnes en emploi sur les principaux obstacles qui les empêchent d’améliorer leurs compétences digitales, il ressort, au Luxembourg comme dans les pays frontaliers, que c’est le manque de temps. Au Luxembourg, en décembre 2019, 45,8 % des résidents en emploi citaient cet obstacle. Vient ensuite, pour le Luxembourg, la Belgique et la France, le manque d’offres de formation appropriées (cité par 24,6 % des travailleurs résidant au Luxembourg) et le fait de ne pas réussir à identifier les compétences digitales spécifiques qui devraient être améliorées (cité par 19,8 % des travailleurs résidant au Luxembourg). En Allemagne, c’est l’impossibilité d’identifier les compétences digitales spécifiques à améliorer qui arrive en deuxième position devant le manque d’offres de formation appropriées (cf. tableau).

La difficulté à identifier les compétences digitales spécifiques à améliorer ainsi que le coût sont moins souvent perçus comme un obstacle au développement des compétences digitales au Luxembourg que chez ses voisins. En revanche, les personnes en emploi résidant au Luxembourg rapportent plus souvent que d’autres facteurs que ceux proposés dans l’enquête sont un frein au développement de leurs compétences digitales.

Principaux obstacles à l’amélioration des compétences digitales exprimés par les résidents en emploi (plusieurs réponses possibles)

Source : Eurobaromètre 92.4, décembre 2019, calculs : LISER. Champ : résidents en emploi.
Source : Eurobaromètre 92.4, décembre 2019, calculs : LISER. Champ : résidents en emploi.

Au Luxembourg, en décembre 2019, 85 % des résidents en emploi estimaient avoir les compétences digitales suffisantes pour effectuer leur travail.

Laetitia Hauret Docteur en sciences économiques, chercheur
Laetitia Hauret Docteur en sciences économiques, chercheur

Ludivine Martin Docteur en sciences économiques, chercheur
Ludivine Martin Docteur en sciences économiques, chercheur

Département Marché du travail Luxembourg Institute of Socio-Economic Research (LISER)

(1) Hauret L. et Marguerit D., 2020, L’inadéquation des compétences au Luxembourg : un employé sur deux concerné, Les rapports du LISER, 20p.

(2) Source : WollyBi by Burning Glass Technologies, données pour l’année 2020, calculs LISER.