Parmi les grandes tendances qui dessineront le travail de demain, deux d’entre elles sont d’une brûlante actualité pour les employeurs : l’externalisation et la responsabilisation de leurs leaders. Explications avec Julie Noirhomme, Managing Director chez Ajlon Luxembourg.

Pourquoi l’externalisation est-elle de plus en plus utilisée et quel est son impact sur l’emploi ?

L’externalisation permet non seulement aux entreprises de rationaliser leurs coûts et de mieux maîtriser leurs effectifs mais aussi de se concentrer sur leurs activités à haute valeur ajoutée. Cette stratégie a conduit à un éclatement du modèle traditionnel de l’emploi. Les contrats à durée déterminée et le travail temporaire montent en puissance un peu partout en Europe. De même, l’entrepreneuriat se développe fortement. C’est particulièrement vrai aux Etats-Unis où cette forme d’emploi a connu une progression telle que le pays est souvent qualifié de freelance nation. Cette montée en puissance de l’entrepreneuriat est aussi le fruit d’une aspiration très forte de la jeune génération. Au sortir de leurs études, près de la moitié d’entre eux déclarent vouloir devenir des entrepreneurs.

Comment les entreprises sélectionnent-elles leur partenaire extérieur ?

Les entreprises cherchent avant tout des partenaires qualifiés sur lesquels elles peuvent compter et qui prennent tout en charge, y compris les responsabilités qui en découlent. C’est la raison pour laquelle nous n’offrons, chez Ajion, qu’une externalisation correspondant à notre coeur de métier, à savoir le recrutement et la gestion de la formation. Nous disposons de nos propres outils et méthodologie, et entretenons des contacts étroits avec Pontoon, la plateforme du groupe Adecco présente dans plus de 70 pays et spécialisée dans l’ingénierie des solutions RH (MSP ou Managed Service Provider). Nous sommes ainsi à même de centraliser et de coordonner toutes les demandes de nos clients en termes de recrutement et de formation, que ce soit au Luxembourg ou à l’étranger, tout en réduisant les coûts et en améliorant les processus.

Un autre problème auquel font face de plus en plus d’entreprises est le manque criant de leaders engagés et responsables. La situation est-elle à ce point préoccupante ?

Une étude a été réalisée par Lee Hecht Harrison en Amérique du Nord et les résultats sont édifiants : 72 % des organisations interrogées pensent que la responsabilité des leaders est un problème critique et 37 % seulement sont satisfaites de leurs leaders. Aujourd’hui, beaucoup de leaders n’arrivent plus à inspirer, acceptent la médiocrité, n’ont pas une vue claire de la direction à prendre et éprouvent de grandes difficultés à collaborer avec leurs équipes.

Or le leadership, c’est d’abord et avant tout un contrat. Devenir leader est une décision qui doit être prise de manière consciente parce que cette fonction implique des obligations de résultats, un courage managérial – il faut savoir assumer ses choix – et une connexion permanente avec les membres de son équipe. C’est sur base de ces notions, tirées du bestseller de Vince Molinaro (The Leadership Contract), Global Managing Director of Strategic Solutions chez Lee Hecht Harrison, qu’Ajilon propose depuis le début de cette année un programme de leadership destiné à tous les managers en charge d’une équipe. Etalé sur un ou plusieurs mois en fonction des modules choisis et mêlant conférences, séminaires et séances de coaching, le programme a pour objectif de responsabiliser les leaders non seulement vis-à-vis d’eux-mêmes mais aussi visà- vis de leur équipe et leur organisation.

Cette notion de responsabilité est primordiale. Si le leader ne change pas, son équipe et, par ricochet, son entreprise ne changeront pas non plus.

Julie Noirhomme, Managing Director, AjilonLuxembourg.
Julie Noirhomme, Managing Director, AjilonLuxembourg.

Propos recueillis par Stéphane Etienne