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Non, le Luxembourg n’est pas qu’un coffre-fort bancaire. Il ne faut d’ailleurs pas creuser beaucoup pour découvrir la diversité des atouts du pays et pour se rendre compte de l’agilité avec laquelle les autorités contribuent à diversifier l’économie.

On a souvent tendance à se contenter de percevoir le Grand-Duché comme un grand coffre-fort plein de billets ou de ces coupons que les fameux dentistes belges auraient acheminés discrètement au Luxembourg pendant de nombreuses années. Certes, la place financière reste le principal pilier de l’économie. Certes, son développement s’est longtemps appuyé sur le secret bancaire. Mais limiter les facteurs du succès de la finance à ce sacros-aint secret, aujourd’hui éventé, c’est oublier ce qui a permis à l’industrie des fonds de faire du Luxembourg la deuxième place la plus importante au monde : la juste implémentation d’une directive européenne encadrant les organismes de placement collectif à valeurs mobilières (UCITS) ou encore les positions d’un régulateur ouvert et pro-business.

Une capacité à rebondir et à s’adapter

Si l’on en revient au secteur bancaire, son évolution et son repositionnement actuels, anticipant l’impact de l’entrée de l’échange automatique de données entre autorités fiscales, sont significatifs de la capacité du pays à rebondir et à s’adapter. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que le Grand-Duché fait preuve d’une agilité hors du commun, lui offrant des perspectives durables pour son économie. Au siècle dernier, la finance avait pris le relais de l’industrie sidérurgique, premier pilier économique qui a fait la richesse du Luxembourg moderne, au moment où les perspectives d’avenir de ce secteur fondaient comme neige au soleil.

La finance et la banque luxembourgeoises, malgré les secousses répétées, ont su maintenir leur position. Toutefois, le séisme provoqué par la crise des subprimes, suivie en Europe par la crise de la dette souveraine, a mis en évidence le besoin de diversifier l’économie locale. Là encore, et contrairement à d’autres, le Luxembourg n’a pas attendu. On peut évoquer le développement du secteur ICT et les ambitions luxembourgeoises pour faire du pays une Smart Nation.

Il ne faut pas creuser beaucoup pour découvrir

la diversité des atouts du pays et pour se rendre compte

de l’agilité avec laquelle les autorités contribuent

à diversifier l’économie.

Sous le charme de Belval

Le site de Belval atteste aussi de la capacité du pays à prendre en main l’avenir de son économie. Ici s’opère une reconversion d’un site sidérurgique éteint en une cité du savoir, de la recherche et de l’innovation. Des start-up innovantes, réunies au sein du Technoport, développent de nouveaux concepts. L’Université forme les leaders luxembourgeois de demain. Les centres de recherche publics (LIST et LISER) mènent des projets de recherche appliquée porteurs d’opportunités pour l’économie. Et que dire du Luxembourg Centre for Systems Biomedicine, laboratoire à l’équipe pluridisciplinaire menant des travaux poussés, notamment sur les maladies neurodégénératives telles que celle de Parkinson.

Autour de cet univers, des start-up, spin-off et autres acteurs économiques devraient voir le jour ou se rassembler afin de profiter d’un écosystème unique. Récemment, deux Britanniques, spécialistes de l’art, chargés de diriger une exposi-tion qui se tient à Belval jusqu’en juin, confiaient être tombés sous le charme de ce Luxembourg aux multiples accents. Bien sûr, Belval est une jeune cité, qui doit gagner en maturité. Mais les deux artistes étaient purement et simplement subjugués par la poésie qui se dégageait de ce site industriel, chantier urbanistique hors du commun, comme posé dans un cadre de verdure unique, où se côtoient art, culture, savoir, recherche, économie… La découverte de ce site de Belval permet de se rendre compte de la diversité économique du pays et de se faire une belle idée de ce à quoi pourrait ressembler le Grand-Duché de demain, au-delà de la banque.

C’est aujourd’hui cette image pleine de contrastes que, plus que jamais, le Luxembourg doit faire rayonner.

Sébastien Lambotte