Au cours des dernières années, un nombre toujours croissant d’entreprises et de multinationales ont fait le choix de localiser leurs opérations de trésorerie et de financement au Luxembourg et ce, en raison des nombreux atouts qu’offre le pays.

Le Luxembourg a su se hisser à une place de choix grâce à son excellence opérationnelle, sa réputation sur les marchés économiques et financiers mondiaux, mais aussi grâce au maintien d’un environnement social, économique et politique stable. Le pays s’inscrit également dans un processus d’évolution permanente. Cette course au progrès est rendue particulièrement sensible dans les domaines de la compétitivité et de la productivité où le pays se classe parmi les top-performers internationaux.

Son excellence opérationnelle s’avère d’autant plus remarquable qu’elle trouve sa source dans un équilibre exceptionnel alliant, d’une part, régulations fiscales et légales ainsi que coûts et conditions de travail avantageuses et, d’autre part, infrastructures et moyens de financement de pointe afin de répondre au mieux aux activités des différents acteurs évoluant sur le marché national. La mise en place des initiatives SWIFT Net et SEPA favorise également l’activité financière des multinationales.

Une combinaison attractive

C’est dans ce contexte favorable que se sont développées les activités de cash pooling (ou centralisation de trésorerie) ainsi que les centrales de paiement qui s’inscrivent directement dans la volonté de centraliser et d’optimiser les flux de trésorerie et de paiements. Elles forment, avec les banques, une combinaison attractive dans la mesure où ces dernières fournissent un large éventail d’infrastructures et de produits financiers structurés répondant aux besoins des centres de trésorerie et de financement des multinationales. La Bourse luxembourgeoise joue également un rôle primordial dans les activités de cash pooling et de gestion de trésorerie en proposant de nombreuses alternatives en matière de provisions de capitaux. Avec plus de 150 banques internationales et environ 42 % du total des opérations internationales enregistrées actuellement sur les marchés européens, le Luxembourg s’impose comme premier centre de gestion des richesses de la zone euro et second centre d’investissement du monde après les Etats-Unis.

En proposant des conditions avantageuses au cash pooling, le Grand-Duché fait un pari sur l’avenir et prouve, par la même occasion, qu’il a compris l’enjeu crucial que représente la centralisation des activités de financement et de gestion de trésorerie. Les entreprises trouvent, en effet, dans le cash pooling multinational ou multidevise un moyen de réduire leurs coûts opérationnels grâce à des économies d’échelles, d’accroître la fiabilité de leurs prévisions au travers d’une visibilité en temps réel de la position générale de trésorerie et un moyen d’optimiser leurs financements intra-groupes. En outre, le cash pooling multinational permet aux entreprises de bénéficier d’une diminution de leur niveau d’endettement ainsi que de leurs charges financières grâce à une meilleure répartition des liquidités disponibles. La réputation de solvabilité s’en trouve, par conséquent, renforcée et les conditions de placement en cas de solde positif de trésorerie, améliorées.

Qu’il s’agisse de cash pooling physique ou notionnel, les services proposés par les banques luxembourgeoises, afin de combiner les positions de débiteurs et de créditeurs des multinationales, bien que complexes, demeurent facilement accessibles et particulièrement avantageux sous différents aspects. Outre les avantages abordés précédemment, des considérations d’ordre fiscal spécifiques se posent également comme arguments de taille pour convaincre les multinationales d’établir leur activités de cash pooling au Luxembourg afin d’accroître leur efficacité.

Optimiser les processus

Toujours dans le but de favoriser une gestion de trésorerie optimale, le Luxembourg a, au-delà des activités de cash pooling, également concentré ses efforts dans l’optimisation du processus de gestion de commande avec, en particulier, la mise en place de centrales de paiement. Beaucoup d’entreprises continuent à gérer leurs paiements et leurs comptes bancaires à l’échelle de chaque entité. Bien que plus flexible en termes de structure et d’opérations quotidiennes, cette approche peut, néanmoins, réduire la visibilité du groupe sur les mouvements et la situation de trésorerie, les processus d’approbation complexes ainsi que les risques opérationnels et les coûts de transactions. Dans le contexte de la promulgation de la loi sur la migration des débits et crédits automatiques en euro vers les standards SEPA par le Parlement européen, le Luxembourg s’est doté d’atouts majeurs pour inciter les grands groupes à considérer la mise en place de centrales de paiements. Cela est renforcé par la présence de fournisseurs de services IT et bancaires (reconnaissant les principaux standards d’interfaces -SWIFT Net, ISO 20022 XML, etc.) ou encore de cabinets de conseil en PGI et d’experts en fiscalité et en juridiction. De plus, au-delà des nombreuses conditions attractives dont bénéficie le pays, établir une centrale de paiements induit pour les entreprises une réduction significative des connections bancaires, des formats de fichiers utilisés, des types de protocoles de communication et également une centralisation et une automatisation des processus de règlement de créances ; tout ceci afin de permettre d’accroître l’efficacité et le contrôle des processus de paiement et de réduire les frais bancaires et, in fine, d’optimiser la rentabilité des entreprises.

Le Luxembourg s’impose ainsi comme un acteur incontournable de la gestion des flux de trésorerie et du cash pooling international qui suit les principes édictés à la fois par l’OCDE et l’Union européenne. Les mesures entreprises par le gouvernement laissent à penser que l’ambition future du pays s’inscrit dans cette même lignée. En effet, le gouvernement prévoit l’introduction d’un cadre fiscal et légal pour les activités de trésorerie en ce inclus le cash pooling. Le Luxembourg s’abstient de participer au projet actuel d’introduction d’un impôt européen sur les transactions financières, mais soutient l’idée d’un tel impôt à l’échelle mondiale, ce qui permettrait d’éviter la délocalisation des activités financières hors de l’Union européenne.


Brice Lecoustey
Brice LecousteyAssocié responsable des Activités de conseil et de trésorerieEY Luxembourg


Pierre Burtin
Pierre BurtinManagerEY Luxembourg