Dans un monde en mutation tant technologique que sur le plan sociétal, l’entreprise et ses hommes doivent s’adapter. Cela vaut notamment pour les managers qui vont devoir développer de nouvelles qualités, revoir leur mode de fonctionnement et leur façon de penser pour mener à bien leurs équipes et leurs missions.manager-plus-humain

"Etre manager, demain, sera un métier à part entière et non plus, comme c’est encore le cas actuellement, une personne que l’on nomme manager parce qu’elle a d’excellentes compétences en opérationnel, même si elle n’a ni les capacités, ni la formation pour ce faire", souligne Joëlle Harvent, coach certifié Neuro-Activ-Coaching et membre de l’ICF (International Coach Federation) qui travaille régulièrement avec le monde de l’entreprise. Cela ne signifie pas forcément la fin du manager participatif ou directif. Mais dans un monde en pleine évolution technologique et économique, jouer au "chef", en adoptant
ses postures, ne suffira plus pour convaincre et relever les défis. Le manager va devoir développer de nouvelles compétences et qualités pour s’adapter à la nouvelle donne.
Les nouvelles formes de communication, le travail à distance, la pression exercée par la mondialisation, l’évolution de la relation que la jeune génération (dont seront issus les managers de demain) entretient avec le travail sont quelques-uns des changements qui modifient les rapports, notamment hiérarchiques. Le manager n’est déjà plus celui qui détient l’information et partage son savoir, il n’est plus le chef qui puise son pouvoir et sa légitimité dans sa fonction même ou bien encore le "chef d’orchestre" adepte du TTU (très, très urgent) qui finit par épuiser ses meilleurs éléments.

 

Un décideur en mouvement

Mais à quoi ressemblera-t-il ? "Ce sera un professionnel à la fois responsable et responsabilisant. Il sera également coopératif, et non plus compétitif, ce qui implique une notion de confiance, de partage. Il sera également porteur de sens et de valeurs capable de s'adapter de manière permanente et être lui-même acteur du changement, capable aussi de mobiliser les énergies à distance. Enfin, il devra afficher de grandes compétences relationnelles", détaille Joëlle Harvent. Une palette d’aptitudes et de compétences qui rejoint sur différents points le profil esquissé par Christophe Perilhou, manager d’un pôle de consultants de l’unité RHM (Ressources Humaines & Management) au sein de l’organisme de formation professionnel Cegos. Dans un article paru sur le Blog du management, consacré aux aptitudes du manager de demain, il évoque notamment la posture de Servant Leader. "Le manager de demain puisera son pouvoir, non pas de ses attributs de position et de statut, mais de sa capacité à créer de la valeur directement utile pour ses équipes (et indirectement ses clients) en les aidant à surmonter les obstacles. Cette posture mobilise des compétences d’écoute, de soutien, de prise de recul, de vision globale et systémique des situations. Le manager de demain est un manager ‘post-héroïque’ qui ne joue pas au général ou au lieutenant-colonel à la tête de ses troupes. Il est sur le terrain, au service de ses équipes, animé d’une passion: réussir à faire réussir. ‘Donner pour recevoir’ plutôt que ‘commander puis contrôler’ devient le premier levier de légitimité", écrit le spécialiste.

Le manager de demain sera donc plus "humain" (ce qui implique des compétences RH) et plus "polyvalent" pour ne pas dire "bricoleur". "L’humain est au cœur même de ses préoccupations managériales. Je pense également que les managers seront moins nombreux qu’aujourd’hui, mais ils seront de meilleure qualité", indique Joëlle Harvent.

Compte tenu de la complexité du monde des affaires et de ses turbulences, les personnes non aptes à manager ne resteront pas en place dans des univers de travail plus collaboratifs. Il y aura donc, peut-être un peu moins de managers, mais davantage de leaders.

Fabrice Barbian