Face au paradoxe luxembourgeois qui voit le taux de chômage augmenter alors même que des milliers de nouveaux emplois sont créés chaque année, l’ADEM se mobilise et accélère sa réforme. Les employeurs, d’une part, et les personnes en recherche d’emploi, d’autre part, sont désormais considérés véritablement comme des clients, auxquels l’ADEM va proposer de nouveaux services.

En janvier 2012, l’ADEM a changé le sens de son acronyme. ADEM ne signifie plus Administration de l’emploi, mais Agence pour le Développement de l’Emploi. Par ces mots, l’ADEM prend en quelque sorte l’engagement de rapprocher le plus efficacement possible les demandeurs d’emploi des employeurs.

Cette recherche d’efficacité passera avant tout par une personnalisation des traitements en fonction des besoins et profils : côté employeurs, le service ne sera pas le même pour une PME que pour un grand groupe disposant d’un service RH développé ; côté demandeur d’emploi, on imagine aisément qu’un jeune qui arrive sur le marché du travail n’aura pas les mêmes besoins qu’un cadre de banque ou qu’un travailleur manuel d’une cinquantaine d’années. Désormais, ces personnes trouveront des réponses appropriées à leur propre situation.

 Pour les employeurs 

Désormais, une même entité regroupe 11 conseillers sectoriels, issus des fédérations professionnelles (bâtiment, commerce, industrie, Horeca…) et d’autres conseillers ADEM pour former une équipe exclusivement dédiée au dialogue avec les employeurs : réception des offres d’emploi, suivi et supervision finale de la liste des candidats à proposer. Les employeurs peuvent solliciter des conseils personnalisés auprès de cette équipe et les conseillers peuvent plus facilement  travailler ensemble sur certains dossiers ou échanger des informations.

Le mode de déclaration des postes vacants a été simplifié : il suffit désormais de remplir le formulaire unique, disponible sur le site Internet de l’ADEM et de l’envoyer par mail à l’adresse unique, mise en place en octobre 2013, employeur@adem.etat.lu  (ou par courrier ou par fax). Le formulaire peut être complété indifféremment en français, anglais ou allemand. Le back office du service employeurs se charge des éventuelles traductions et de l’adéquation entre l’annonce rédigée par l’employeur et le nouveau Répertoire Opérationnel des Métiers et des Emplois (ROME).

De plus en plus d’employeurs sont familiarisés avec ce référentiel, développé en France par Pôle Emploi. Celui-ci décrit très précisément les qualifications requises et les compétences à mettre en œuvre pour 10.000 appellations métiers, regroupées en 531 domaines d’activité. Le ROME fait l’objet de 4 mises à jour par an, ce qui garantit la prise en compte des nouveaux métiers. L’ADEM a pour projet d’adapter l’outil aux spécificités du marché luxembourgeois, notamment en ce qui concerne les métiers de la finance. L’outil présente l’avantage de développer un langage commun entre offre d’emploi et profils de candidats afin de réussir le meilleur matching possible.

Cette correspondance entre offres d’emploi et profils candidat est justement l’objet du nouvel outil informatique, adopté par l’ADEM à l’été 2013,  permettant une recherche multicritères, à la fois sur la base des offres d’emploi et sur la base des CV. Le système balaye les compétences, mais aussi les langues, la disponibilité et la mobilité géographique, puis établit un scoring des candidats en fonction de leur adéquation aux critères demandés par l’employeur. Cet outil  « scanne » l’ensemble de la base de données nationale pour chaque offre d’emploi,  multipliant ainsi les chances de trouver le ou les candidats qui correspondent le mieux à la demande. A la suite de cela, chaque employeur reçoit la liste des candidats correspondant le mieux à ses attentes. Les assignations, mieux ciblées, sont moins nombreuses, ce qui fait gagner du temps et de l’efficacité à tout le monde.

Enfin, l’ADEM met régulièrement en place des ateliers de recrutement pour aider les entreprises qui recherchent plusieurs profils identiques (au moins 8). L’ADEM opère la présélection des candidats, par téléphone ou au moyen de tests, avant de les convier à des ateliers de recrutement, développés sur mesure en fonction de la qualification recherchée. Les méthodes peuvent être relativement innovantes, avec, par exemple, des mises en situation réelles pour certains métiers manuels. Une fois que les candidats sont sélectionnés par l’entreprise, ils peuvent être formés au frais de l’ADEM avant leur prise de poste pour être tout à fait opérationnels.

Pour les personnes à la recherche d’un emploi 

Cette cible a beaucoup changé au cours des dernières années. D’une population assez homogène, en général peu qualifiée, on est passé à une situation où tous les profils se rencontrent, aucun secteur n’étant à l’abri d’un retournement économique. Il faut donc imaginer des traitements différents pour des populations qui n’ont pas les mêmes besoins.

Chaque demandeur d’emploi inscrit va donc signer une Convention personnalisée de collaboration dans laquelle toutes les étapes de son retour à l’emploi seront écrites et suivies de près. C’est un travail de collaboration, comme son nom l’indique, cela implique que le demandeur d’emploi  doit se sentir l’acteur principal de sa recherche tout en bénéficiant d’une aide efficace.

Première aide : le Contact Center, un service de contact téléphonique mis en place dès septembre 2012. 15 personnes y gèrent 10.000 appels par mois et règlent ainsi 75 % des demandes entrantes. Ce travail d’accueil et de premiers renseignements décharge les conseillers, qui peuvent ainsi mieux se consacrer aux personnes qu’ils ont en charge et dont ils doivent cerner au mieux le profil et les aspirations.

Un entretien approfondi, qui se déroule presque comme un entretien d’embauche, permet de mesurer les compétences du demandeur d’emploi. Le ROME, utilisé depuis juin 2012 pour tout nouveau dossier, est un soutien très appréciable dans cette démarche qui consiste à s’assurer que le candidat détient les compétences nécessaires pour exercer le métier auquel il prétend.

Dans le domaine des langues, les demandeurs d’emploi  seront évalués beaucoup plus précisément dans les prochains mois, à l’aide d’une échelle dont chaque niveau correspond à des compétences précises. Pour toutes les professions réglementées, les diplômes doivent être produits ainsi que leur homologation par l’Etat luxembourgeois quand il s’agit de diplômes étrangers.

Les conseillers sont formés petit à petit pour affiner leurs techniques d’entretien et ainsi pouvoir apprécier les compétences d’une population de plus en plus variée et qualifiée.

La mesure phare qui va vraiment permettre de personnaliser le traitement de chaque dossier est actuellement en test à l’agence de Wasserbillig. Depuis le 16 septembre 2013, cette agence a traité 350 dossiers selon la nouvelle procédure. Un profiling de chaque candidat est dressé à l’aide de questions très précises sur le parcours scolaire, la santé, le contexte familial, l’expérience acquise et la mobilité géographique. Suite à cette première étape, les personnes sont réparties en  deux grandes catégories. Celles qui sont proches du marché de l’emploi  se verront offrir un encadrement classique pendant 3 mois (au-delà, ils peuvent passer dans la 2e catégorie). Celles qui sont éloignées du marché, pour une raison ou une autre, se verront proposer un encadrement intensif par des professionnels aux compétences spécifiques, psychologues, éducateurs ou encore assistants sociaux, avant de réintégrer un parcours classique. Il s’agit de traiter les obstacles au retour à l’emploi (garde des enfants, problème de santé, besoin d’une formation complémentaire…) les uns après les autres, de façon structurée et durable. A chaque entrevue (au moins une par mois), le candidat repart avec des actions  précises à réaliser, écrites formellement.

L’encadrement intensif implique un suivi très régulier et une connaissance précise de la situation du demandeur d’emploi. Quelques très rares personnes ont souhaité arrêter le processus, au risque de perdre leurs indemnités, jugeant le procédé trop intrusif. La grande majorité semble satisfaite d’être épaulée de près. Fin du test prévue pour mi-mars 2014.

Catherine Moisy

 

Contacts utiles :

Pour les employeurs : 247 88 000
Pour les demandeurs d’emploi : 247 88 888
Pour tous : www.adem.public.lu

L’ADEM en chiffres :
  • 7 agences régionales, employant 350 personnes dont 70 conseillers professionnels qui effectuent 30.000 suivis par mois.
  • 17.000 demandeurs d’emploi, parmi lesquels 7.000 sont indemnisés, un tiers est de nationalité luxembourgeoise et un autre tiers de nationalité portugaise, 45 % ont atteint uniquement le niveau de la scolarité obligatoire, 4.000 souffrent de problèmes de santé graves ou ont un handicap.