Que vous soyez effrayé(e) à l’idée de prendre votre retraite ou, qu’au contraire, vous vous réjouissiez de bientôt jeter l’éponge, cette période de la vie n’est jamais évidente. C’est ce que constate Emeline Baud, fondatrice de BeFocus HR et spécialisée en employabilité. Entretien. 

Emeline Baud, fondatrice, BeFocus HR.
Emeline Baud, fondatrice, BeFocus HR.

Les personnes bientôt retraitées sont-elles des coachés ordinaires ?

Ce sont généralement les entreprises qui me contactent pour accompagner leurs collaborateurs à préparer leur retraite. Au départ, les futurs retraités sont parfois dans le déni, peu enclins à suivre un coaching d’autant plus sur un sujet tel que la retraite. Le fait de parler avec une tierce personne les éveille parfois au fait qu’ils ont peu anticipé cette nouvelle étape. Puis, l’idée fait son chemin et les personnes me recontactent. Le coaching que je propose s’échelonne sur 6 mois, à raison de 8 à 10 séances de 1h30-2h. L’idéal est de le débuter avant la retraite, de manière à préparer efficacement la transition avec le successeur et ainsi clôturer sereinement le chapitre professionnel. Le but du coaching est avant tout de se projeter dans le futur, de se préparer à une vie au tempo différent du rythme professionnel, parfois assez trépidant, que connaît un actif depuis plus de 40 ans. La thématique de la retraite est aujourd’hui mieux appréhendée par les entreprises, de plus en plus nombreuses à proposer un accompagnement à leurs futurs retraités afin de démystifier cette étape de vie où il ne sera plus question d’horaires, de réunions, de collègues…

Que craignent le plus les personnes que vous coachez ?

Dans un premier temps, les craintes les plus présentes tournent autour du vide qui va s’installer, de la perte de revenus, du fait de se sentir « inutile », sans identité professionnelle. Nous travaillons alors sur les peurs, les croyances par rapport à la retraite, le sens à donner à sa vie, le nouveau rapport au réseau existant, les projets auxquels adhérer (mentorat, conseils a des start-up/des jeunes, associations culturelles et sportives…). Avec, parfois pour les non-Luxembourgeois, le souhait de retourner dans leur pays d’origine… Pour faire le lien avec la sphère professionnelle, nous nous focalisons notamment sur les compétences transférables et les façons de mettre ces atouts à profit dans de nouvelles aventures. Souvent, les chefs d’entreprise et les personnes avec des postes à hautes responsabilités craignent de perdre « des avantages », les marques liées au statut professionnel, le plaisir d’être connus et reconnus, ils anticipent l’éloignement du réseau professionnel… Reconnaître et verbaliser ses peurs est un jalon essentiel du processus d’accompagnement, l’idée est d’ensuite trouver les bénéfices à la retraite. Ensemble, nous allons analyser l’existant, faire une projection d’un futur idéal, bâtir un plan d’action avec des objectifs concrets et dynamiques pour vivre une transition sereine et remplie de sens. Ce travail sur soi permet d’évacuer le stress, très présent à cette période, même pour les personnes qui sont heureuses de partir en retraite.

Quels conseils donnez-vous aux conjoints ?

En période de retraite, la vie privée et/ou familiale va aussi se trouver transformée en profondeur et dans la durée. Il faut réapprendre à vivre à deux ou avec des enfants, ou vivre seul si le conjoint travaille encore. Il est important d’exprimer à l’autre la façon dont on souhaite concevoir son temps à présent. Lorsque l’un des deux membres du couple idéalise sa retraite en pensant lever le pied, voyager… et que l’autre souhaite mettre son expérience à profit en continuant une activité ou en reprenant un poste honorifique, il est essentiel de communiquer, de s’accorder et de respecter le cadre de chacun. Le dialogue entre les époux est aussi une des clés de la réussite de cette étape de vie.

Propos recueillis par Isabelle Couset

contact : baudemeline@befocus-hr.com